THEATRE
LABEL COMÉDIE
![ACT (3).png](https://static.wixstatic.com/media/ee2a7e_dc5d2fd0b1de4a398c4b060bc41f2470~mv2.png/v1/fill/w_273,h_273,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/ACT%20(3).png)
Extrait 1
Olivier sort. Baptiste, s’approche du landau et se penche au dessus.
​
Baptiste
Vous en avez deux ?
Fred
Heu… trois en fait. J’en ai un autre, plus grand, qui doit traîner quelque part dehors.
Baptiste
Ils ont l’air serein. Normaux. Vous êtes sur qu’ils sont de vous ?
​
Fred reste sans voix.
​
Baptiste
Comment pouvez-vous savoir avec certitude que ce sont vos enfants ?
Fred
Mais heu… je… je le sais, c’est tout.
Baptiste
On n’est jamais sûr de rien, jamais ! Moi aussi, au début, il avait l’air normal.
Fred
Qui donc ?
Baptiste
Mon fils. Enfin… celui qu’on veut faire passer pour mon fils. Raphaël. Ils lui ont choisi un nom d’ange, mais je ne suis pas dupe. Il change… il se transforme… il évolue. C’est pour cette raison que ma femme a été remplacée.
Fred
Remplacée ?
Baptiste
Par une des leurs. Pour le protéger.
Fred
Le protéger de quoi ?
Baptiste
De tout. Accident, maladie… il est encore vulnérable, vous comprenez !
Fred
Pas des masses, non.
Baptiste
Il doit garder son intégrité physique jusqu’à sa majorité. Ma « femme » est une sorte de garde rapprochée. Mais elle n’est pas seule. D’autres démons veillent sur lui. Ils me tolèrent pour le moment, mais ça ne va pas durer. Je le sais.
Fred
Ah ça, le démon est tolérant, mais il a ses limites quand même. (Prenant un air de conspirateur) Moi, je dis qu’il faut le prendre par les cornes. Lui botter les fesses. Faut lui faire danser la salsa.
Baptiste
La salsa ?
Fred
Oui, la salsa. La salsa du démon à grand coup de sabots dans le train.
Baptiste
Vous croyez ?
Fred
J’en suis sur. Il faut chasser ses démons. C’est comme ça qu’on fini par redevenir soi-même.
Baptiste
Vous avez raison ! Merci, mille fois merci ! Vous savez, je devrais arrêter les cachets, ça m’empêche d’y voir clair.
Fred
Heu… comment ça, arrêter les cachets… je n’ai pas dis ça.
Baptiste
Mais si ! Redevenir soi-même. Vous l’avez dit. C’est ça ! Les cachets ! Les cachets masquent la réalité, ils dissimulent la vérité. Au diable les cachets !
​
Olivier entre. Baptiste est en crise.
​
Olivier
Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-ce que tu as fait, Fred ?
Fred
Rien, on a juste discuté.
Olivier
Juste discuté ? Qu’est-ce que tu lui as dit, Fred ?
Fred
Mais rien de spécial !
Olivier
Combien de fois je t’ai dit de laisser mes patients tranquilles !
Baptiste
Quand les feux follets danseront il sera trop tard !
​
Extrait 2
​
SCENE 10
fred – olivier – cisco
​
Les trois hommes sont autour du bar. Ils ont bien entamé la bouteille de champagne et, l’alcool aidant, l’atmosphère est nettement plus détendue.
​
Fred
Une fois, on n’avait vraiment pas le choix, on a eu besoin d’une nounou en urgence. On a pris la fille d’une copine. 17 ans et un poids chiche en guise de cerveau. Elle nous a foutu un souk… la version bordélique de Mary Poppins. J’ai failli la jeter par la fenêtre avec un parapluie pour voir si elle volait.
Cisco
Je ne ferais jamais confiance à une étrangère pour garder mon fils.
Fred
Il s’appelle comment, au fait, ton fils ?
Olivier
Ah oui, tiens c’est vrai ça. On discute, on discute et on oublie le plus important.
Cisco
On n’a pas décidé encore. On hésite entre Lucas et Zéphyr.
Fred
N‘hésite plus.
Cisco
Ah ? Tu crois ?
Fred
Oui.
Olivier
Ah ! J’aime bien, moi.
Cisco
Lequel ?
Olivier
Les deux.
Fred
Ça aide vachement, là.
Cisco
Lucas, on aime beaucoup, mais c’est très commun. On en croise partout des Lucas. Alors que des Zéphyrs…
Fred
… On ne peut pas dire que ça court les rues.
Cisco
Voilà.
Fred
Bon, il y a sûrement des raisons, mais…
Cisco
Mais ce n’est pas commun.
Olivier
Là, tu marques un point.
Fred
C’est vrai. Combien j’en connais des Zéphyrs, moi ? A part le petit singe dans Babar, je n’en connais pas.
Cisco, intrigué et un peu inquiet
(A Olivier) Il y a un petit singe dans Babar qui s’appelle Zéphyr ?
Olivier
Aucune idée. Tu m’aurais dit « Oui-Oui », là, je suis incollable. Mais Babar…
Fred
Affirmatif. C’est un ouistiti en short bleu et en béret rouge.
Cisco
(Un temps) D’un autre côté, Lucas, ça pose son homme.
Fred
C’est sûr. A l’armée par exemple. Pendant l’appel : « Sergent, Lucas ! Présent ! Sergent Zéphyr ! Il mange des cacahouètes ».
Cisco
Non, mais c’est bien Lucas. Sergent instructeur Lucas. Oui, ça pose bien. Il y a du caractère.
Olivier
Pour nous le choix des prénoms s’est tout de suite imposé. Clara c’était le prénom de la grand-mère de Laura et Morgane parce qu’on aimait bien Michèle Morgan. (Un temps) Même comme ça, c’est douloureux.
Cisco, compatissant
Tu ne pouvais pas prévoir.
Fred
C‘est comme le type qui a appelé son fils Rocco. Il ne pouvait pas prévoir non plus.
Cisco
Mon frère s’appelle Rocco. (Essayant de se justifier) Mon père était fan d’Alain Delon et il pratiquait la boxe.
Fred
Manquerait plus que tu aies une sœur ou une tante qui s’appelle Emmanuelle.
​
Cisco baisse la tête, un peu gêné.
​
Olivier
Sa maman.
Fred
Ah ! Oui. Il y en a comme ça qui cumule. Allez, encore un petit coup de champ’ ?