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Extrait 1

 

Olivier sort. Baptiste, s’approche du landau et se penche au dessus.

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Baptiste

Vous en avez deux ?

Fred

Heu… trois en fait. J’en ai un autre, plus grand, qui doit traîner quelque part dehors.

Baptiste

Ils ont l’air serein. Normaux. Vous êtes sur qu’ils sont de vous ?

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Fred reste sans voix.

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Baptiste

Comment pouvez-vous savoir avec certitude que ce sont vos enfants ?

Fred

Mais heu… je… je le sais, c’est tout.

Baptiste

On n’est jamais sûr de rien, jamais ! Moi aussi, au début, il avait l’air normal.

Fred

Qui donc ?

Baptiste

Mon fils. Enfin… celui qu’on veut faire passer pour mon fils. Raphaël. Ils lui ont choisi un nom d’ange, mais je ne suis pas dupe. Il change… il se transforme… il évolue. C’est pour cette raison que ma femme a été remplacée.

Fred

Remplacée ?

Baptiste

Par une des leurs. Pour le protéger. 

Fred

Le protéger de quoi ?

Baptiste

De tout. Accident, maladie… il est encore vulnérable, vous comprenez !

Fred

Pas des masses, non.

Baptiste

Il doit garder son intégrité physique jusqu’à sa majorité. Ma « femme » est une sorte de garde rapprochée. Mais elle n’est pas seule. D’autres démons veillent sur lui. Ils me tolèrent pour le moment, mais ça ne va pas durer. Je le sais.

Fred

Ah ça, le démon est tolérant, mais il a ses limites quand même. (Prenant un air de conspirateur) Moi, je dis qu’il faut le prendre par les cornes. Lui botter les fesses. Faut lui faire danser la salsa.

Baptiste

La salsa ?

Fred

Oui, la salsa. La salsa du démon à grand coup de sabots dans le train.

Baptiste

Vous croyez ?

Fred

J’en suis sur. Il faut chasser ses démons. C’est comme ça qu’on fini par redevenir soi-même.

Baptiste

Vous avez raison ! Merci, mille fois merci ! Vous savez, je devrais arrêter les cachets, ça m’empêche d’y voir clair.

Fred

Heu… comment ça, arrêter les cachets… je n’ai pas dis ça.

Baptiste

Mais si ! Redevenir soi-même. Vous l’avez dit. C’est ça ! Les cachets ! Les cachets masquent la réalité, ils dissimulent la vérité. Au diable les cachets !

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Olivier entre. Baptiste est en crise.  

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Olivier

Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-ce que tu as fait, Fred ?

Fred

Rien, on a juste discuté.

Olivier

Juste discuté ? Qu’est-ce que tu lui as dit, Fred ?

Fred

Mais rien de spécial !

Olivier

Combien de fois je t’ai dit de laisser mes patients tranquilles !

Baptiste

Quand les feux follets danseront il sera trop tard !

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Extrait 2

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SCENE 10

fred – olivier – cisco
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Les trois hommes sont autour du bar. Ils ont bien entamé la bouteille de champagne et, l’alcool aidant, l’atmosphère est nettement plus détendue.

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Fred

Une fois, on n’avait vraiment pas le choix, on a eu besoin d’une nounou en urgence. On a pris la fille d’une copine. 17 ans et un poids chiche en guise de cerveau. Elle nous a foutu un souk… la version bordélique de Mary Poppins. J’ai failli la jeter par la fenêtre avec un parapluie pour voir si elle volait.

Cisco

Je ne ferais jamais confiance à une étrangère pour garder mon fils.

Fred

Il s’appelle comment, au fait, ton fils ?

Olivier

Ah oui, tiens c’est vrai ça. On discute, on discute et on oublie le plus important.

Cisco

On n’a pas décidé encore. On hésite entre Lucas et Zéphyr.

Fred

N‘hésite plus.

Cisco

Ah ? Tu crois ?

Fred

Oui.

Olivier

Ah ! J’aime bien, moi.

Cisco

Lequel ?

Olivier

Les deux.

Fred

Ça aide vachement, là.

Cisco

Lucas, on aime beaucoup, mais c’est très commun. On en croise partout des Lucas. Alors que des Zéphyrs…

Fred

… On ne peut pas dire que ça court les rues.

Cisco

Voilà.

Fred

Bon, il y a sûrement des raisons, mais…

Cisco

Mais ce n’est pas commun.

Olivier

Là, tu marques un point.

Fred

C’est vrai. Combien j’en connais des Zéphyrs, moi ? A part le petit singe dans Babar, je n’en connais pas.

Cisco, intrigué et un peu inquiet

(A Olivier) Il y a un petit singe dans Babar qui s’appelle Zéphyr ?

Olivier

Aucune idée. Tu m’aurais dit « Oui-Oui », là, je suis incollable. Mais Babar…

Fred

Affirmatif. C’est un ouistiti en short bleu et en béret rouge.

Cisco

(Un temps) D’un autre côté, Lucas, ça pose son homme.

Fred

C’est sûr. A l’armée par exemple. Pendant l’appel : « Sergent, Lucas ! Présent ! Sergent Zéphyr ! Il mange des cacahouètes ».

Cisco

Non, mais c’est bien Lucas. Sergent instructeur Lucas. Oui, ça pose bien. Il y a du caractère.

Olivier

Pour nous le choix des prénoms s’est tout de suite imposé. Clara c’était le prénom de la grand-mère de Laura et Morgane parce qu’on aimait bien Michèle Morgan. (Un temps) Même comme ça, c’est douloureux.

Cisco, compatissant

Tu ne pouvais pas prévoir.

Fred

C‘est comme le type qui a appelé son fils Rocco. Il ne pouvait pas prévoir non plus.

Cisco

Mon frère s’appelle Rocco. (Essayant de se justifier) Mon père était fan d’Alain Delon et il pratiquait la boxe.

Fred

Manquerait plus que tu aies une sœur ou une tante qui s’appelle Emmanuelle.

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Cisco baisse la tête, un peu gêné.

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Olivier

Sa maman.

Fred

Ah ! Oui. Il y en a comme ça qui cumule. Allez, encore un petit coup de champ’ ?

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