Du plaisir d’improviser

 

Qui sont-ils, pauvres humains insensés, pour oser braver les dieux de l’imagination ?

Quelle est cette folie qui s’empare d’eux et les jette nus et désarmés dans l’arène ?

Qui les y pousse ?

Qui les oblige à s’engager dans cette même quête d’absolu ?

Personne ! Sinon eux-mêmes.

Oui, ils sont seuls maîtres de leur destiné et celle-ci les conduit irrémédiablement sur le devant de la scène, face aux projecteurs, devant un public avide de sensation, avec pour seule arme l’envie formidable de se transcender, d’offrir le plus beau spectacle du monde.

Quand on prend le temps d’y réfléchir, il faut une bonne dose de courage ou d’insouciance, souvent les deux à la fois, pour faire ce don de soi-même.

Dans l’antiquité les hommes faisaient des sacrifices afin d’obtenir, pour leurs projets, la faveur et la clémence des dieux.

Agamemnon, le roi des rois, ne sacrifia t-il pas sa propre fille à Poséidon afin que la marée soit favorable à ses navires de guerre partant conquérir la citadelle de Troie.

En acceptant de plonger dans les méandres de l’inconnu, eux aussi, ne nous y trompons pas, font une offrande.

L’offrande de leur être, de leur âme. Ils se lient l’espace d’un instant avec l’invisible, avec le sacré, pour le meilleur et pour le pire.

On appelle cela un match, un spectacle, une performance, une démonstration, un concept d’improvisation, on fait cela tout seul, en duo, en ligue, en troupe, en compagnie ou en fédération, mais c’est beaucoup plus que cela.

 

C’est un de ces rares moments d’éternité où des hommes et des femmes s’unissent dans une forme d’art instantané dont les lois leur échappent encore.

 

Créer, quelle que soit la forme, c’est exprimer la part de divin qu’il y en nous.

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Pascal LAURENT